Nous passons 30% de notre vie à dormir. Entre le sommeil du bébé et celui de la personne âgée, autant de différences que d’années écoulées…
Et pourtant, quel que soit l’âge, le sommeil a les mêmes vertus : nous permettre de reprendre des forces physiques et psychiques. Le sommeil est un facteur de mode de vie aujourd’hui reconnu comme essentiel à la santé, au même titre que la nutrition ou l’exercice. Sa qualité dépend du mode, de l’environnement et de l’hygiène de vie.
L’aide au sommeil passe par l’établissement d’un mode de vie sain.
Les plaintes concernant la qualité du sommeil, dans notre monde moderne, sont de plus en plus fréquentes et les personnes âgées n’y font pas exception.
Un français sur 2 estime manquer de sommeil. Un français sur 3 estime souffrir de troubles du sommeil. Concernant les personnes âgées, 40 % des plus de 75 ans se plaignent de la qualité de leur sommeil.
Au domicile, les aidants et les soignants ont un rôle clé à jouer : écouter et entendre la plainte, ne pas la nier, y répondre mais surtout favoriser les conditions globales et spécifiques d’un sommeil réparateur pour la personne aidée.
C’est, une nouvelle fois, l’assistance à un besoin vital et intime, qui comme tous les besoins fondamentaux, participe au bien-être et à la qualité de vie, mais aussi à la santé du patient ou du proche.
Sommaire :
Le sommeil, un besoin primordial à tout âge
Spécificités du sommeil de la personne âgée
Le sommeil, un besoin physique et psychique
Comprendre la problématique des troubles du sommeil et pouvoir y répondre, nécessite de connaitre l’organisation d’une nuit ou d’une sieste ou la structure du sommeil, et son action réparatrice.
Le sommeil, un cycle d’activité nocturne
- le sommeil correspond à une baisse de l’état de conscience entre 2 périodes d’éveil ;
- une nuit de sommeil est constituée de plusieurs cycles successifs (4 à 6) ;
- un cycle de sommeil dure environ 90 minutes chez le jeune adulte (entre 60 et 120 minutes) ;
- chez la personne âgée, la durée du cycle est similaire mais le sommeil est globalement plus léger (moins de sommeil profond) ;
- chaque cycle commence par une phase de sommeil léger, se poursuit par une phase de sommeil profond et se termine par du sommeil paradoxal ;
- Le sommeil profond, sommeil le plus réparateur, est surtout présent dans la première moitié de la nuit alors que le sommeil léger et le sommeil paradoxal sont plus abondants en deuxième moitié de nuit(1) (2).
- pendant le sommeil paradoxal, l’activité cérébrale est proche de l’éveil. C’est une période propice aux rêves (rêves dont on peut se souvenir une fois réveillé ) ;
- la durée du sommeil paradoxal est réduite avec l’âge ;
- le premier cycle est précédé d’une phase d’endormissement intitulé phase de transition qui ne devrait durer que quelques minutes ;
- la phase d’endormissement ne varie pas significativement avec l’âge (environ 20 minutes) ;
- Pour chaque personne, le sommeil est composé de phases identiques mais leur organisation varie selon les personnes, leurs mode et environnement de vie, l’état de santé et… l’âge ;
- Ainsi, à l’âge avancé, le sommeil est plus « entrecoupé », les éveils entre chaque cycle plus marqués, l’endormissement plus précoce et le réveil aussi ;
- Enfin, nous ne sommes donc pas tous égaux devant le sommeil. Certaines personnes sont des lève-tôt, d’autres des couche-tard, ou des « marmottes ». 20 à 30 % de la population adulte connaissent une insomnie faible à modérée. 10 % de la population adulte souffrent d’insomnie sévère(5).
- 40 % des personnes de plus de 75 ans se plaignent de leur sommeil(6)
Dormir, se reposer », un besoin essentiel
Besoin |
Description du besoin |
Respirer |
Capacité d’une personne à maintenir un niveau d’échanges gazeux suffisant et une bonne oxygénation. |
Boire et manger |
Capacité d’une personne à pouvoir boire ou manger, à mâcher et à déglutir. Également à avoir faim et absorber suffisamment de nutriments pour capitaliser l’énergie nécessaire à son activité. |
Éliminer |
Capacité d’une personne à être autonome pour éliminer selles et urine et d’assurer son hygiène intime. Également d’éliminer les déchets du fonctionnement de l’organisme. |
Se mouvoir et maintenir une bonne posture |
Capacité d’une personne de se déplacer seule ou avec des moyens mécaniques, d’aménager son domicile de façon adéquate et de ressentir un confort. Également de connaître les limites de son corps. |
Dormir, se reposer |
Capacité d’une personne à dormir et à se sentir reposée. Également de gérer sa fatigue et son potentiel d’énergie. |
Se vêtir et se dévêtir |
Capacité d’une personne de pouvoir s’habiller et se déshabiller, à acheter des vêtements. Également de construire son identité physique et mentale. |
Maintenir sa température corporelle dans la limite de la normale (37,2 °C) |
Capacité d’une personne à s’équiper en fonction de son environnement et d’en apprécier les limites. |
Être propre et protéger ses téguments |
Capacité d’une personne à se laver, à maintenir son niveau d’hygiène, à prendre soin d’elle et à se servir de produits pour entretenir sa peau, à ressentir un bien-être et de se sentir beau. Également à se percevoir au travers du regard d’autrui. |
Éviter les dangers |
Capacité d’une personne à maintenir et promouvoir son intégrité physique et mentale, en connaissance des dangers potentiels de son environnement. |
Communiquer avec ses semblables |
Capacité d’une personne à être comprise et comprendre grâce à l’attitude, la parole, ou un code. Également à s’insérer dans un groupe social, à vivre pleinement ses relations affectives et sa sexualité. |
Agir selon ses croyances et ses valeurs |
Capacité d’une personne à connaître et promouvoir ses propres principes, croyances et valeurs. Également à les impliquer dans le sens qu’elle souhaite donner à sa vie. |
S’occuper en vue de se réaliser |
Capacité d’une personne à avoir des activités ludiques ou créatrices, des loisirs, à les impliquer dans son auto-réalisation et conserver son estime de soi. Également de tenir un rôle dans une organisation sociale. |
Se récréer |
Capacité d’une personne à se détendre et à se cultiver. Également à s’investir dans une activité qui ne se centre pas sur une problématique personnelle et d’en éprouver une satisfaction personnelle. |
Apprendre |
Capacité d’une personne à apprendre d’autrui ou d’un événement et d’être en mesure d’évoluer. Également à s’adapter à un changement, à entrer en résilience et à pouvoir transmettre un savoir. |
Virginia Henderson (théoricienne en soins infirmiers) rappelle que « dormir, se reposer » fait partie des 14 besoins essentiels. Elle décrit ce besoin comme la « capacité d’une personne à dormir et à se sentir reposée, à gérer sa fatigue et son potentiel d’énergie ».
Les soignants ont donc un rôle à jouer pour aider à la satisfaction de ce besoin (Écoute, observation, éducation) (Visuel Adobe Stock)
« Le sommeil c’est la santé » clame le slogan de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé). En effet, le sommeil est reconnu comme un facteur essentiel d’équilibre psychologique et de récupération physique et mentale. S’il est déterminant pour le développement cérébral à l’enfance, il l’est aussi pour le maintien des capacités cognitives et de la plasticité cérébrale à l’âge mûr. Le sommeil et le respect du cycle circadien ont un impact maintenant bien documenté sur le métabolisme corporel (ensemble des transformations chimiques et biologiques qui s’accomplissent dans l’organisme) et l’on sait aujourd’hui que de nombreuses maladies chroniques sont liées à une horloge biologique (ou un sommeil) perturbée. Enfin, et en particulier chez la personne âgée, le sommeil participe à l’immunité. Enfin, un sommeil de bonne durée et de bonne qualité protège contre l’accumulation du stress(3).
Dormir, source de plaisir, de bien être, indissociable du repos, du temps personnel et familial.
C’est un moment intime dans nos habitudes de vie(4).
Le sommeil est bien souvent indissociable des notions de chambre et d’intimité. On dort mieux dans son lit que dans un lieu inconnu, notre literie (oreiller notamment) conserve notre odeur et a un impact rassurant qui peut jouer sur la qualité du sommeil, sur la facilité à s’endormir. La chambre à coucher est une pièce personnelle.
Tous les aidants savent que l’autorisation de pénétrer la chambre à coucher est une preuve de confiance de la part de la personne aidée.
Ainsi l’accompagnement lors de l’endormissement peut être vécu comme une intrusion, ou toléré mais avec résignation de la part de la personne aidée. La chambre est donc un lieu important, intime, qui influe considérablement sur la qualité du sommeil.
Dormir doit rester source de plaisir, alors que de nombreuses personnes aidées doivent se résoudre à faire chambre à part pour des raisons médicales, ou à dormir seules. S’y résoudre est toujours une épreuve, une étape que peu souhaitent et acceptent de franchir.
Dormir dans un petit lit peut être une épreuve pour la personne âgée. Perte de l’autre et perte de repères entraînent des difficultés à s’endormir, des réveils nocturnes parfois même des chutes du lit. La perte de repères émotionnels est elle aussi très importante (sentiment de retour en enfance, sentiment de rejet de l’autre, sentiment de dépendance, dévalorisation) et peut s’accompagner de tristesse, voire de dépression. La décision de modifier chambre et mobilier est donc une décision à murir, à accomplir en accord avec le proche ou la personne aidée.
Dormir puis socialiser : La nuit on dort, le jour on travaille et on socialise. Le sommeil marque normalement le moment où l’on se retrouve avec soi-même et se repose, après avoir « socialisé » ou partagé avec les autres. Toute notre vie sociale est construite sur ce rythme veille-sommeil, les autres et soi-même. Cependant de nombreuses personnes âgées à domicile ne suivent plus ces séquences de repos puis de partage. Ne pas respecter ce rythme c’est, à la longue, se désocialiser. Ne plus sortir dans la journée, restreindre les sorties aboutit à une perturbation du rythme circadien, du sommeil et de la socialisation.
La personne âgée dort moins la nuit, son sommeil est fractionné, le besoin de faire une sieste est plus prégnant (Visuel Adobe Stock)
La spécificité du sommeil de la personne âgée
Au fil des années, le sommeil évolue. L’avancée en âge ne modifie pas le besoin de récupération : une personne âgée a besoin de 7 à 8 heures de sommeil par 24 heures comme tout adulte. Cependant, si le besoin de sommeil persiste, l’avancée en âge modifie son organisation.
La mélatonine, « hormone du sommeil » : la mélatonine prépare le corps humain au sommeil. Sa sécrétion débute lorsque la lumière diminue soit à la tombée de la nuit. Elle est produite la nuit, pendant l’obscurité avec un pic maximal de production aux alentours de 2 ou 3 heures du matin.
L’exposition à la lumière et le coucher du soleil contribuent à faciliter le réveil et l’endormissement.
Le respect de cette horloge biologique, chez la personne âgée aussi, avec des activités en extérieur, à la lumière du jour, est donc primordial. Les modifications ophtalmiques liées à l’âge modifient aussi la qualité du sommeil : une baisse de la vision ou le développement de la cataracte amenuisent le passage de la lumière à la rétine. Or la lumière envoie un signal fondamental pour caler les rythmes de sommeil sur l’horaire social et aide à dormir(3). Cette moindre exposition à la lumière naturelle physiologique est renforcée par la diminution des sorties à l’extérieur (arthrose, fatigabilité, perte d’envie et de liens sociaux).
Enfin, les personnes âgées ont tendance à s’endormir plus tôt et donc à se réveiller plus tôt.
Ce phénomène s’appelle la « matinalisation »(7).
La sieste, un repos à bien doser : « Se mettre au lit » est pour la plupart d’entre nous, synonyme d’arrêt de l’activité, de tombée de la nuit et de récupération de la fatigue de la journée.
Pour les personnes plus âgées, la sieste est tout autant le moment du repos et de la récupération :
la sieste post-prandiale induite par la digestion coupe la journée et apporte un répit à l’aidant comme à l’aidé.
Mais pour être réellement efficace, elle ne doit durer que moins d’un cycle et « pas trop » longtemps : car plus longue sera la sieste, plus courte sera la nuit suivante. Faire une sieste trop longue aura une incidence sur le sommeil nocturne(5).
Cependant, on retiendra que pour les personnes âgées et aidées, la sieste correspond à un véritable besoin de digestion et de récupération et fait partie intégrante du sommeil d’une journée.
Un sommeil plus vulnérable aux facteurs environnementaux : La réduction de l’activité physique et des obligations sociales ont un impact évident sur la qualité et la durée du sommeil. Une personne moins fatiguée dort moins. Cette vulnérabilité aux troubles du sommeil est liée à la prévalence élevée de certaines pathologies chez les personnes âgées.
Les troubles du sommeil fréquents chez la personne âgée
- L’insomnie caractérisée par un délai d’endormissement supérieur à 30 minutes, des réveils fréquents avec une difficulté à se réendormir, des réveils précoces concerne environ 15% de la population mais plus de 30% des plus de 65 ans(9). Ces difficultés ont un retentissement sur la qualité de vie dans la journée : fatigue, manque d’énergie, somnolence, troubles de l’attention, de la concentration et de l’humeur.
- L’apnée du sommeil caractérisée par des arrêts respiratoires pendant le sommeil entraine une fragmentation du sommeil par des micro-réveils et une baisse d’oxygène dans le sang (hypoxémie)(6). L’apnée du sommeil concerne 5 % de la population mais sa prévalence est comprise selon les études entre 25% et 50% chez les personnes âgées de 65 ans et plus, avec des effets plus sévères, en particulier sur les plans cardiaques et cognitifs, avec des risques élevés de perte d’équilibre et de chute(9).
- Le syndrome des jambes sans repos (SJSR), caractérisé par des impatiences, des démangeaisons, des fourmillements ou des sensations de brûlures au niveau des jambes, au repos, et qui surviennent à l’endormissement touche environ 8,5% de la population française mais plus de 20% des 80 ans et plus. Le SJSR a un impact particulièrement négatif sur la qualité du sommeil des patients âgés dont des difficultés d’endormissement, des réveils fréquents, une fatigue et une somnolence diurnes et des troubles de l’humeur(10).
Le sommeil, un marqueur d’autres conditions : dans 80 à 90 % des cas, les plaintes de la personne aidée concernant le sommeil ne sont pas seulement liées à l’insomnie. L’insomnie, comme les autres troubles du sommeil peut être le marqueur d’une douleur chronique, de troubles anxieux ou dépressifs, ou d’une maladie chronique non diagnostiquée.
Alzheimer et troubles du sommeil
40% des patients atteints de la maladie d’Alzheimer souffrent de troubles du sommeil.
2 symptômes sont régulièrement décrits chez ces personnes :
- l’inversion du cycle jour-nuit et le sundowing. Les nuits de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer sont entrecoupées de réveils fréquents. La personne réveillée a du mal à se rendormir mais surtout pensant qu’elle a dormi, elle se lève et déambule dans le logement et refuse de se recoucher. Du fait des nuits agitées, la personne va dormir dans la journée, faire de longues siestes et ainsi inverser le cycle jour nuit ou confondre le jour et la nuit(6).
- Le « Sundowing » ou syndrome du coucher du soleil » est une hyperactivité vespérale. En fin d’après-midi ou à la tombée de la nuit, la personne ressent le besoin d’une hyperactivité, présente une augmentation de la déambulation, des difficultés à rester assise, le besoin de sortir, d’aller dans un autre lieu (ancien domicile, domicile des parents), exprime des demandes réitérées voir des cris, des refus d’aller se coucher, qui sont autant de manifestations de l’anxiété à la fin de la journée. Cette hyperactivité peut durer des heures et retarder l’endormissement. Des mesures spécifiques s’imposent :
- veiller à offrir à la personne aidée, dans la journée des temps de calme. En effet, on s’aperçoit que la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est parfois surstimulée dans la journée et que la diminution brusque de ces stimulations engendre de l’anxiété, anxiété qui se traduit par des manifestations de déambulation, de recherche de réconfort ;
- rassurer : proposer une boisson chaude réconfortante, écouter de la musique douce, observer un rituel du soir, un toucher-massage ;
- modifier l’éclairage : une luminosité jaune, orange le soir a tendance à apaiser. Penser à ne pas laisser de zones d’ombre, les petits éclairages d’appoint sont souvent bénéfiques(14).
Nycturie, incontinence et troubles du sommeil
L’incidence des troubles urinaires sur la qualité du sommeil n’est pas à négliger (Visuel Adobe Stock)
La nycturie est définie par plus de 2 réveils nocturnes et en moyenne 4 à 6, pour vider sa vessie, mais pas seulement : une incontinence mal gérée, des protections mal adaptées, une dermatite ou une irritation liée à la macération sont autant de facteurs de réveils nocturnes et de troubles du sommeil.
Néanmoins, parmi les troubles de la continence, la nycturie est signalée par toutes les personnes atteintes, comme un symptôme dégradant de façon significative le sommeil : environ un tiers des personnes concernées ne parviendront pas à se rendormir après un épisode : l’impossibilité de se rendormir est classé comme le deuxième symptôme le plus gênant par 32% des hommes et 28% des femmes puis vient la fatigue pour 15 à 17% patients. Enfin, la nycturie de la personne aidée affecte aussi la qualité de sommeil de l’aidant.
Quelles mesures pour réduire le nombre de « visites nocturnes aux toilettes » ?
- Éviter de proposer du thé, du café avant le coucher. Ces boissons peuvent retarder l’endormissement, obérer la qualité du sommeil par leur caractère excitant mais aussi favoriser le nombre de mictions en irritant la vessie ;
- réguler raisonnablement le volume de liquides et de boissons au dîner et avant le coucher sans réduire la quantité de liquide journalière recommandée, soit 6 à 8 verres ou 2 litres. Agir sur le « quand plus que sur le « combien » ;
- proposer la miction aux toilettes avant le coucher ;
- lorsque la nycturie se transforme en incontinence nocturne, l’aidant ou le soignant pourra proposer des protections adaptées à la sévérité ou la fréquence de l’incontinence nocturne. Il existe aujourd’hui des produits qui permettent à la personne âgée de vivre et de dormir « le plus normalement possible »(16).
Des protections adaptées à chaque patient et à chaque fréquence de nycturie ou degré d’incontinence :
- chez le patient autonome souffrant de nycturie, en cas de fuites légères à modérées, on utilisera simplement des sous-vêtements absorbants (Ex : TENA Silhouette) ;
- les protections de type culotte, faciles à enfiler existent également en différents niveaux d’absorption (Ex : TENA Pants) et permettent, avec les derniers progrès technologiques, « une garde au sec », une sécurité antifuites et un contrôle des odeurs (Ex : TENA Pants Plus ProSkin, TENA Pants Super ProSkin et TENA Pants Maxi ProSkin). Ces protections de type culotte absorbante assimilable à un sous-vêtement classique sont souvent mieux acceptées ;
- l’aidant pourra enfin opter pour les changes complets, qui existent également en différents niveaux d’absorption en cas de fuites plus sévères et de perte d’autonomie. Certains changes complets comportent une ceinture flexible pour des changements de protections plus faciles et ergonomiques et pour plus de confort et une meilleure sécurité contre les fuites. (Ex :TENA Flex ProSkin). Les changes complets avec attaches adhésives permettent aussi un change en position couchée et un repositionnement. Ils constituent donc une solution adaptée aux personnes semi-mobiles ou immobiles (Ex : TENA Slip).
- Pour les hommes, il existe également toute une gamme de protections spécifiquement conçues pour s’adapter à leur anatomie, du sous vêtement au change complet (Ex : TENA Men Premum Fit).
- Les grandes protections avec filet (Ex : TENA Comfort) sont généralement « réservées » aux personnes dépendantes, alitées, atteintes de troubles neurologiques et sont particulièrement adaptées en cas de nycturie.
L’hygiène de vie aussi détermine la qualité du sommeil
Bien dormir fait partie des facteurs d’un mode de vie sain, et ces mêmes facteurs influent aussi sur la qualité du sommeil. Ainsi, parmi les mesures d’hygiène de vie qui vont influer sur la durée et la qualité du sommeil, figurent au-delà des habitudes de sommeil, la pratique de l’exercice et/ou d’activités au cours de la journée, mais également l’alimentation ou encore l’hygiène et la santé cutanée.
Chez la personne très âgée, la pratique d’une activité physique, adaptée à l’état de santé, conserve toute son importance (Visuel Adobe Stock)
Les principes d’un sommeil de qualité(6)
- S’endormir en moins de 60 minutes
- Dormir plus de 7 heures
- Se réveiller moins de 2 fois dans la nuit
- Se rendormir en moins de 30 minutes
- S’éveiller reposé le matin
Quelques principes d’hygiène de vie
La pratique d’une activité physique en début de journée
La marche en particulier permet de « prendre l’air et la lumière », de rompre la solitude du domicile voire de socialiser ;
la lumière influence les phases d’endormissement et d’éveil. Les variations de luminosité influencent la sécrétion de certaines hormones. La lumière du matin favorise la production de cortisol, hormone stimulante qui régule notamment le niveau de vigilance ;
Aussi, l’activité physique, même très modérée permet de reconstruire le cycle veille-sommeil, jour-nuit. Chez la personne âgée, l’activité est préférable durant la matinée ; un réveil dynamique éveille le corps.
Enfin, un exercice même modéré réduit le risque de troubles anxieux, de troubles de l’humeur et favorise l’endormissement.
Une alimentation équilibrée et bien répartie sur la journée(11), avec notamment, la suppression des « excitants » (café, alcool, sodas au cola) après 16 heures.
Des habitudes alimentaires calées sur l’horloge biologique : diner trop tôt peut entrainer un réveil au milieu de la nuit en raison d’une sensation de faim, un diner trop tardif élève la température du corps et retarde l’endormissement. Le dîner doit donc être proposé 2 à 3 heures avant le coucher ;
une prise alimentaire légère sera également préférée au dîner, avec des sucres d’absorption lente (les glucides lents facilitant l’endormissement en stimulant la production de sérotonine qui favorise la production de mélatonine) ;
certains aliments sont connus pour stimuler la production de sérotonine. Ce sont les aliments contenant du tryptophane : légumes secs, céréales complètes, amandes, ananas, noix de cajou ;
d’autres aliments contiennent de la mélatonine : les céréales, les bananes, les tomates, les cerises….
les céréales (pâtes, riz, semoule…) apportent des sucres lents, de la mélatonine, de la sérotonine ;
une tisane peut constituer une véritable aide à l’endormissement (s’il n’a pas de problème de nycturie). Les propriétés relaxantes de la valériane, la passiflore ou la verveine sont connues et la tisane en instaurant un rituel préparent également à l’endormissement ;
Un bien-être et un confort cutané avant le coucher
Pour la personne aidée, se sentir « propre », « fraîche » contribue à son bien-être et à sa qualité de vie. Ce bien-être cutané synonyme d’intégrité est une des conditions de l’endormissement et de la qualité du sommeil.
- il est possible d’utiliser des lingettes respectueuses de la peau (Ex : TENA Soft Wipe) combinées à un nettoyant sans rinçage (Ex : TENA Wash Cream) ;
- en cas d’irritation ou de DAI, de protéger la peau avec une crème au zinc (TENA Zinc Cream) qui va faire office de barrière entre le peau et l’humidité.
TENA Wash Cream
TENA Zinc Cream
Le respect de l’horloge biologique :
- Organiser le lever si possible à heure fixe. Cela favorise la synchronisation avec l’horloge biologique ou le cycle circadien veille-sommeil : les grasses matinées doivent rester l’exception, les couchers doivent être programmés à heure fixe ;
- limiter la durée de la sieste à 20 minutes, si besoin ;
- éviter l’écran 1 heure avant le coucher. La lumière bleue des écrans est aussi stimulante que la lumière du jour, bloque la sécrétion de mélatonine et retarde l’endormissement ;
- dormir dans le noir favorise la qualité du sommeil car la lumière perturbe la sécrétion de mélatonine. (Mais cette préconisation peut être parfois difficile pour l’aidant) ;
- adresser les bons messages à la personne aidée au bon moment : une prise de repas à 18 heures ou le port du pyjama à 18h30 évoquent à tort et trop tôt le coucher et peuvent désorienter.
Une chambre réservée au sommeil :
- Il est recommandé de dormir dans une pièce dont la température se situe entre 18° et 20°. En effet, pour bien dormir, il faut que la température du corps soit à 37°. Notre température corporelle baisse naturellement le soir et c’est un signal pour notre cerveau : il enclenche les mécanismes qui vont nous mener au sommeil. Tout ce qui favorise ce refroidissement (modeste) du corps va faciliter le sommeil : une pièce fraîche, pas trop de couvertures, mais néanmoins en ayant les pieds et les mains au chaud ;
- dormir dans le calme : la chambre doit être isolée idéalement des bruits provenant de l‘extérieur ;
- opter pour une literie confortable ;
- n’accompagner ou ne « mettre au lit » la personne aidée que pour dormir ;
Le rôle de l’aidant
Il peut être intéressant d’utiliser de toutes petites lumières jaunes, de faible intensité qui ne perturbent pas l’endormissement et se révèlent utiles en cas de réveil (Visuel Adobe Stock)
Son rôle est de préparer et parfois d’accompagner l’endormissement. Alors que la phase d’endormissement est souvent perturbée et prolongée avec l’avancée en âge, quelques gestes de l’aidant peuvent permettre à la personne de passer ce cap parfois difficile entre éveil et sommeil.
Préparer le sommeil de la personne aidée passe, dans l’idéal, et comme on l’a vu plus haut, par l’organisation d’activités dans la journée, par l’exposition à la lumière extérieure, et si possible par la socialisation. Autant de séquences qui vont rythmer le cycle circadien veille-sommeil, jour-nuit, et induire le besoin de repos après la fatigue(13). Ainsi, si la personne aidée ne peut avoir d’activité en extérieur, il sera judicieux de la placer à côté d’une fenêtre afin qu’elle puisse bénéficier des bienfaits de la lumière
Savoir reconnaitre et encourager les signaux du sommeil : les bâillements, les yeux qui piquent, la chute des paupières, la perte de concentration sont autant d’indices signifiant l’heure d’aller se coucher. Aider la personne à se coucher quand elle est fatiguée favorise ensuite son endormissement ;
- respecter un rituel : la routine a un effet rassurant car elle crée des repères à la fois psychologiques et physiques : se laver les dents, se mettre en pyjama, fermer les volets autant de rituels qui préparent, conditionnent notre corps et notre esprit au coucher et au sommeil ;
- favoriser une atmosphère relaxante le soir : musique, lumière douce ;
- être présent lors de l’endormissement, tenir la main, écouter une musique ;
- la personne aidée peut avoir besoin d’une petite lumière pour apaiser son angoisse pour s’endormir ou pour se repérer la nuit si elle se réveille. Il est en effet stressant de se réveiller sans repères et cela influera sur la reprise du sommeil. Il peut être intéressant d’utiliser de toutes petites lumières jaunes, de faible intensité qui ne perturbent pas l’endormissement et se révèlent utiles en cas de réveil. Par exemple, pour signaler un chemin de la chambre aux toilettes, de la chambre à la cuisine.
- réchauffer les mains et les pieds avant l’endormissement : un petit massage des mains, des pieds peut procurer un sentiment de détente et de plénitude. Réchauffer les « extrémités » favorise la qualité du sommeil. Ce geste « affectueux » apaise les tensions, recrée une intimité parfois oubliée, remet de la tendresse au cœur de la relation.
Préserver aussi son propre sommeil : Une personne aidée qui dort mal, qui se lève va influer sur la qualité de sommeil de son aidant. Or, un aidant familial a autant besoin de sommeil réparateur que le proche qu’il accompagne. La qualité de son sommeil jouera sur la qualité de sa journée et la qualité des soins prodigués.
C’est donc bien pour l’aidant une double problématique de sommeil, le sommeil de la personne aidée et la préservation de son propre sommeil.
Des soutiens au sommeil de l’aidant ?(18)
Comment récupérer, passer une bonne nuit quand la personne accompagnée est réveillée, déambule dans la maison ? L’aidant aussi doit DORMIR suffisamment.
- En 2018, la Fondation Médéric Alzheimer a financé des projets pour améliorer l’accompagnement de nuit des personnes vivant à domicile, notamment
- L’intervention de nuit de professionnels (assistantes de vie, assistantes en soins gérontologiques) au domicile en soutien du couple aidant-aidé. Cette intervention apporte un répit, une assistance, propose des conseils adaptés à la situation, à l’environnement
- L’accueil de nuit au sein d’établissements : son fonctionnement est identique à l’accueil de jour mais sur des horaires de nuit offrant ainsi à l’aidant de réelle nuit de répit.
En conclusion,
une « plainte » de sommeil n’est jamais à négliger car elle influence la qualité de la journée, la qualité de la prise en charge et a un retentissement significatif sur la qualité de vie et la santé de la personne aidée.
Au-delà, il est important qu’aidant comme aidé(e) bénéficient d’un sommeil réparateur.
L’hygiène de vie et quelques conseils simples à mettre en pratique peuvent ainsi favoriser l’endormissement, influer sur la quantité et la qualité du sommeil de la personne aidée et contribuer à de bons résultats de santé et au maintien de la qualité de vie. Les aidants, les soignants sont donc en première ligne pour préserver la satisfaction de ce besoin essentiel sommeil en prodiguant, respectant ces conseils et en privilégiant un environnement sécure, apaisant autour de la personne aidée.
Fabienne Bail, Infirmière,
Cadre de santé (ex-Responsable Pôle Soins EHPAD) et Formatrice en soins infirmiers
Biblio
- Inserm Dossier d’information sur le sommeil 2017
- Institut national du Sommeil et de la Vigilance Sommeil (INVS) : un carnet pour mieux comprendre
- Réseau morphée – Le sommeil des personnes âgées
- Santé publique : BEH N° 8-9 Mars 2019
- HAS juin 2020 L’insomnie
- Thierry Voisin (neurogériatre CHU Toulouse) 2017 : le sommeil du sujet vieillissant
- Société Française de Gériatrie et de Gérontologie mars 2019 Dossier spécial « Sommeil et Personnes âgées ».
- Santé de l’Homme Dossier Sommeil 2007
- Association Sommeil et santé : www.sommeilsante.asso.fr : les troubles du sommeil
- Association France Elkom
- INVS « Sommeil et nutrition »
- INVS « Sommeil, chambre et literie »
- Santé log – Soin à Domicile n°72 – Janvier – Février 2020 Aide à la Mobilité de la Personne âgée
- Site « Aidons les nôtres.fr » (Isabelle Charret, médecin gériatre) janvier 2018 : « Maladie d’Alzheimer : le syndrome du coucher du soleil ».
- Urofrance.org : nycturie 2007 : impact de la nycturie sur le quotidien des patients…
- Tena.fr : Nycturie et faiblesse de la vessie durant la nuit
- Santé log – Soin à Domicile n°70 – Septembre 2019 La Toilette de la Personne âgée
- Fondation Médéric : 4 projets sur l’Accompagnement de nuit