Eliminer est un acte naturel mais empreint d’intimité, de pudeur. Cet acte qui intègre les deux fonctions d’élimination urinaire et d’élimination fécale est fréquemment perturbé chez la personne âgée : ainsi, 10 % des personnes âgées de 70 à 75 ans et 25% des personnes âgées de 85 ans et plus et 90% des personnes dépendantes suivies à domicile ou en institution souffrent d’incontinence urinaire(1).
Au domicile, les soignants et les aidants ont la double mission de maintenir le capital continence (stratégie conservatrice) et de pallier les principales manifestations de l’incontinence urinaire (stratégie palliative) et de la constipation chez leur patient ou leur proche. Ce dossier aborde principalement ces 2 problématiques. Deux modes d’intervention parfois rendus complexes par une cognitive et d’autonomie fonctionnelle du patient.
Besoin |
Description du besoin |
Respirer |
Capacité d’une personne à maintenir un niveau d’échanges gazeux suffisant et une bonne oxygénation. |
Boire et manger |
Capacité d’une personne à pouvoir boire ou manger, à mâcher et à déglutir. Également à avoir faim et absorber suffisamment de nutriments pour capitaliser l’énergie nécessaire à son activité. |
Éliminer |
Capacité d’une personne à être autonome pour éliminer selles et urine et d’assurer son hygiène intime. Également d’éliminer les déchets du fonctionnement de l’organisme. |
Se mouvoir et maintenir une bonne posture |
Capacité d’une personne de se déplacer seule ou avec des moyens mécaniques, d’aménager son domicile de façon adéquate et de ressentir un confort. Également de connaître les limites de son corps. |
Dormir, se reposer |
Capacité d’une personne à dormir et à se sentir reposée. Également de gérer sa fatigue et son potentiel d’énergie. |
Se vêtir et se dévêtir |
Capacité d’une personne de pouvoir s’habiller et se déshabiller, à acheter des vêtements. Également de construire son identité physique et mentale. |
Maintenir sa température corporelle dans la limite de la normale (37,2 °C) |
Capacité d’une personne à s’équiper en fonction de son environnement et d’en apprécier les limites. |
Être propre et protéger ses téguments |
Capacité d’une personne à se laver, à maintenir son niveau d’hygiène, à prendre soin d’elle et à se servir de produits pour entretenir sa peau, à ressentir un bien-être et de se sentir beau. Également à se percevoir au travers du regard d’autrui. |
Éviter les dangers |
Capacité d’une personne à maintenir et promouvoir son intégrité physique et mentale, en connaissance des dangers potentiels de son environnement. |
Communiquer avec ses semblables |
Capacité d’une personne à être comprise et comprendre grâce à l’attitude, la parole, ou un code. Également à s’insérer dans un groupe social, à vivre pleinement ses relations affectives et sa sexualité. |
Agir selon ses croyances et ses valeurs |
Capacité d’une personne à connaître et promouvoir ses propres principes, croyances et valeurs. Également à les impliquer dans le sens qu’elle souhaite donner à sa vie. |
S’occuper en vue de se réaliser |
Capacité d’une personne à avoir des activités ludiques ou créatrices, des loisirs, à les impliquer dans son auto-réalisation et conserver son estime de soi. Également de tenir un rôle dans une organisation sociale. |
Se récréer |
Capacité d’une personne à se détendre et à se cultiver. Également à s’investir dans une activité qui ne se centre pas sur une problématique personnelle et d’en éprouver une satisfaction personnelle. |
Apprendre |
Capacité d’une personne à apprendre d’autrui ou d’un événement et d’être en mesure d’évoluer. Également à s’adapter à un changement, à entrer en résilience et à pouvoir transmettre un savoir. |
Virgina Henderson définit en 1994 un modèle de 14 besoins fondamentaux de l’être humain que les soignants et les aidants peuvent utiliser pour évaluer l’autonomie d’un patient ou d’un proche(2).
L’incontinence urinaire
L’incontinence urinaire est le dysfonctionnement le plus fréquent de notre besoin d’élimination, avec des conséquences sévères sur la qualité de vie, en particulier de la personne âgée, dépendante ou démente. Au-delà de l’impact sur les activités quotidiennes et la sédentarité, au-delà des affections cutanées associées, comme la dermatite ou l’escarre, l’incontinence, urinaire ou fécale, affecte la personne dans son intégrité, son image et son estime de soi.
« Très mal vécue » par le patient, elle le reste trop souvent également pour les soignants, l’aidant et l’entourage.
Lorsque l’information parvient au cerveau de la personne âgée, la vessie est souvent pleine. Commence alors parfois un vrai
parcours du combattant (Visuel Adobe Stock)
Peur de se souiller, peur de sentir mauvais, peur de ne pas atteindre les toilettes, peur d’être considéré comme « vieux, dépendance, voire de déchéance, l’incontinence est vécue comme un véritable désarroi par le patient et sa famille qui ne retrouve plus l’image de l’être aimé.
Un défi majeur pour le soignant ou l’aidant, qui au-delà des soins, doit prendre en compte voire rectifier les représentations du patient, ses émotions, ses motivations -et ses fonctions cognitives- pour maintenir au mieux sa capacité à contrôler ses symptômes dans le cadre d’une démarche conservatrice, consciente et dynamique.
L’incontinence, un handicap pour le patient
L’incontinence urinaire est définie comme une perte involontaire d’urines, objectivement démontrable et constituant un problème social ou d’hygiène. Il s’agit avant tout d’une déficience, dont le handicap généré entraine une gêne variable selon les individus et les sociétés dans lesquelles ils évoluent(3).
L’incontinence, un défi quotidien pour l’aidant
- L’article R. 4311-2 du Décret n°2004-802(4) portant sur l’Exercice de la profession d’infirmier précise ainsi que les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs (…) ont pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et mentale des personnes ou l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques … ».
- L’arrêté du 20 mars 2012 accorde, aux Infirmiers, un pouvoir de prescription de certains dispositifs au nombre desquels figurent « les dispositifs médicaux et accessoires communs pour incontinents urinaires, fécaux et stomisés : poches, raccord, filtre, tampon, supports avec ou sans anneau de gomme, ceinture, clamp, pâte pour protection péristomiale, tampon absorbant, bouchon de matières fécales, collecteur d’urines et de matières fécales… »(5)
- Le référentiel Annexe IV à l’arrêté du 25 janvier 2005(6) dédie à l’Aide-soignant, sous la responsabilité de l’infirmier, des soins de prévention, de maintien, de relation et d’éducation à la santé pour préserver et restaurer la continuité de vie, le bien-être et l’autonomie de la personne, dont les soins d’hygiène et de confort.
- Enfin, concernant les Aidants familiaux confrontés au quotidien à la dépendance de leur proche, dont la dépendance en matière de continence, la Haute Autorité de Santé consacre l’incontinence du proche comme un facteur majeur d’épuisement professionnel de l’Aidant(7).
La perte musculaire ou tout simplement les grossesses sont des facteurs fréquents d’incontinence chez la femme
âgée (Visuel Adobe Stock)
Principaux facteurs d’incontinence
- Ainsi, le vieillissement est un facteur majeur de perte de continence et de troubles de la miction. La perte musculaire, les séquelles d’intervention, certaines maladies chroniques et les grossesses chez les femmes, ont pu affaiblir le plancher pelvien. L’altération des fonctions cognitives peut également retentir sur la capacité à contrôler la miction.
- La perte de mobilité liée au vieillissement ou certaines maladies chroniques a un impact sur la réalisation des actes inhérents à la miction.
- La démence bien sûr, brouille les gestes et le chemin des toilettes.
- Certains traitements médicamenteux peuvent aussi jouer un rôle. Par exemple : la prise en charge de l’hypertension peut ainsi passer par des diurétiques. Les neuroleptiques en ralentissant les réflexes et en réduisant les perceptions vont réduire le contrôle des mictions.
Première étape pour le soignant, comprendre la miction, comprendre ses dysfonctionnements
Pour expliquer l’incontinence, il faut expliquer la miction.
- L’urine, sécrétée par les reins, s’écoule par deux conduits (les uretères) vers la vessie ;
- lorsque la vessie se remplit, le besoin d’uriner apparaît ;
- le sphincter de l’urètre et les muscles du périnée se contractent pour empêcher la fuite ;
- lors de la miction, le sphincter se relâche volontairement et les muscles de la vessie se contractent, permettant l’évacuation de l’urine ;
- la miction contrôlée peut être interrompue par une contraction volontaire du sphincter de l’urètre et des muscles du périnée. Ce processus nécessite donc l’intégrité de l’appareil urinaire mais aussi l’intégrité des fonctions neurologiques.
Avec le vieillissement notamment,
- ces muscles et l’ensemble du plancher pelvien perdent leur tonicité ; une contraction insuffisante du sphincter urétral par rapport aux pressions endovésicales, va à l’effort, entraîner une « fuite » : c’est l’incontinence urinaire d’effort ;
- le detrusor peut devenir hyperactif : c’est l’incontinence par hyperactivité ou instabilité vésicale ;
- la perception du besoin d’uriner « s’émousse », la vessie accuse un trop-plein, c’est l’incontinence urinaire par regorgement (ou rétention) ;
- une maladie, une lésion, une intervention (prostatectomie) prive la personne de tout contrôle de ses mictions : c’est l’incontinence par traumatisme.
Quand la miction devient parcours du combattant
Lorsque l’information parvient au cerveau de la personne âgée, la vessie est souvent pleine. Commence alors parfois un vrai parcours du combattant, se lever de sa chaise ou de son fauteuil, se dégourdir les jambes, trouver sa canne, se rendre aux toilettes, savoir où sont les toilettes, remonter l’abattant, arriver à défaire le bouton du pantalon, ouvrir la fermeture éclair ou remonter la jupe, s’assoir correctement sans se mettre en danger.
Parfois il est trop tard, se mettre debout, se déplacer ont rendu l’envie encore plus pressante et les sphincters n’ont pas joué leur rôle.
Le comportement du patient incontinent
L’incontinence est un facteur de perte d’intégrité, de perte d’estime de soi et d’isolement (8). Elle induit donc des changements de comportement chez le patient ou la personne aidée, qui vont alerter le soignant ou l’aidant, lui permettre de détecter le début d’une incontinence ou un défaut de prise en charge d’une incontinence déjà connue.
L’incontinence a une répercussion sur le moral, la bonne humeur. L’Aidant doit accompagner la personne à passer cette entrée
dans la dépendance (Visuel Adobe Stock)
La honte est la toute première des conséquences. L’incontinence est vécue comme l’entrée dans la dépendance.
La blessure est narcissique.
La personne âgée dissimule dans un premier temps ses problèmes d’incontinence, nettoie sa lingerie elle-même, se mettant parfois en danger pour cela, adopte des comportements irrationnels pour gérer le symptôme(9). Elle achète ou fait acheter le plus discrètement possible des protections, qu’elle cache dans la chambre ou la salle de bains. Le sujet est tabou, on n’en parle pas en famille, les enfants découvrent l’incontinence de leurs parents quand elle « ne se cache plus ». La perte de l’estime de soi peut aller jusqu’à la dépression, avec parfois, des effets secondaires aggravants des traitements antidépresseurs sur la continence.
L’isolement est aussi un marqueur de survenue de l’incontinence. Les personnes âgées n’osent plus sortir de chez elles, voire se déplacer au sein du domicile ; jusqu’à préférer la solitude à la compagnie de ses proches, tout plutôt que d’avoir à « avouer » son handicap.
L’aidant assite alors à un retrait social de la personne âgée, jusqu’à une dégradation progressive des interactions familiales.
La perte d’autonomie : en cas d’incontinence d’effort (fuites urinaires liées à une pression sur la vessie : marche, exercice, port de charges), la personne aidée va restreindre peu à peu ses activités du quotidien ce qui va progressivement réduire « son fonctionnement ».
Les lésions cutanées : détectées par l’aidant lors de la toilette, elles sont également un marqueur possible d’incontinence. La macération et le contact répété des urines sur la peau, ajoutés à une plus grande sédentarité, favorisent les atteintes cutanées, dermatite et/ou escarres. Les soins et la toilette deviennent plus douloureux et cessent d’être des moments de bien-être, de soin et de conscience de soi. Ces lésions peuvent entraîner des niveaux de douleur sévère et retentir sur la qualité de vie.
Accepter son incontinence, un vrai travail de deuil
Accepter son incontinence ou accepter l’incontinence d’un proche peut s’apparenter à un travail de deuil. Ce travail de deuil est souvent décrit en 4 étapes majeures :
- Le déni : cacher les premières fuites, cacher les sous-vêtements tachés, ne pas boire au repas du soir ou après 17 h pour réduire sa diurèse.
- La colère : pourquoi moi ? pourquoi lui ? pourquoi elle ? Qu’allons-nous faire ? étape difficile car le sentiment d’injustice est présent, et dans cette étape l’aidant peut parfois avoir des réflexions désobligeantes envers l’accompagné.
- La tristesse : une période d’abattement, un sentiment de dévalorisation, de perte d’utilité. « je ne suis plus bon à rien , je ne suis même plus propre ».
- Et enfin l’acceptation qui permettra à la personne de vivre mieux, de récupérer l’estime de soi, et d’accepter les solutions de quelque ordre qu’elles soient.
Le rôle du Soignant et/ou de l’Aidant
Il arrive un moment où en dépit de mesures conservatrices, la continence laisse peu à peu la place à l’incontinence qui « devient » partie intégrante des facteurs de vie de la personne âgée. « Il faut vivre avec » devient un défi pour le soignant et l’aidant comme pour la personne incontinence. Et s’il s’agit de renforcer les stratégies palliatives, il ne faut pas, pour autant, abandonner les mesures conservatrices. La « prévention » peut toujours retarder l’évolution de la condition et contribuer à ce qu’elle ne soit pas vécue comme un handicap.
Les mesures conservatrices
Nous avons décrit ce parcours de combattant pour se rendre aux toilettes, les premières interventions consistent à faciliter ce parcours
- Rendre visibles les toilettes par un fléchage, un logo, même à la maison !
- Dégager au maximum les accès aux toilettes : couloir dégagé, porte entrouverte, abattant levé voir enlevé ;
- établir un calendrier mictionnel et accompagner la personne régulièrement aux toilettes ;
- établir une routine par rapport aux autres activités de la journée, notamment les repas (avant et après le repas) et les périodes de repos (avant la sieste, avant le coucher du soir, au lever le matin). Ce sont autant de repères pour la personne âgée, en particulier à déclin cognitif, et autant d’automatisme pour son cerveau et sa vessie ;
- opter pour des vêtements adaptés, faciles à enlever aux toilette, pratiques pour l’habillage et le déshabillage ;
- flécher et éclairer les toilettes la nuit au moyen d’une guirlande lumineuse par exemple ;
- Dernier point important : il ne faut pas réduire l’hydratation. Réduire l’hydratation ne réduit pas la diurèse, fait souffrir l’organisme et entraine une déshydratation. Il faut adapter ses boissons. Et éviter le soir les boissons diurétiques ou excitantes pour la vessie : café, thé, boissons gazéifiées, alcool.
Les mesures palliatives
Elles résident principalement dans le choix de protections adaptées au type et à la sévérité de l’incontinence et personnalisé en fonction du mode de vie et de l’état de santé de la personne aidée. Bien que palliant une déficience de continence, les protections doivent, lorsqu’elles sont choisies en tenant compte précisément des caractéristiques du patient, jouer également un rôle conservateur. Enfin, au-delà de ces objectifs de gestion de la continence et de l’incontinence de la personne, les protections vont redonner à la personne aidée, le sens de l’intégrité physique, une dignité, une estime de soi et restaurer une certaine qualité de vie.
Les petites phrases de la personne âgée qui ressent l’envie d’aller aux toilettes :
- « Je veux y aller, mais c’est où ? la petite porte là ? »
- « Je ne sais plus demander » « je ne sais pas dire ce que je veux »
- « Où sont ces foutues toilettes ? »
- « Les toilettes sont trop loin »
- « J’ai trop mal quand je marche, tant pis »
- « Il y a quelque chose qui appuie sur ma vessie »,
- « J’ai beau appeler, elle ne vient jamais »
À chaque personne, à chaque incontinence correspond ainsi un choix de protections.
Mais pour que la personne accompagnée l’accepte, l’aidant ou le soignant doit avoir suivi cette démarche de choix personnalisé, être lui-même persuadé de ce choix et savoir le proposer au patient.
Le recours aux protections, un choix de raison
- Si l’utilisation des protections absorbantes représente aujourd’hui la solution palliative la plus habituelle, elle ne devient légitime qu’après échec de la prise en charge comportementale (conservatrice) et le traitement curatif.
- Alors, le choix des protections est un choix coordonné entre les soignants, l’aidant et le patient car il fait partie du projet de soin autant que du projet de vie ;
- il s’appuie sur les données recueillies par le proche ou l’aidant, dont le calendrier mictionnel, la saturation des protections, le mode de vie et l’autonomie de la personne ;
- enfin, il faut savoir réajuster les soins, en cas de disparition des signes fonctionnels urinaires et savoir réduire ou supprimer la protection en cas d’amélioration des symptômes.
Principaux critères de choix des protections
L’infirmier -prescripteur-, l’aide-soignant et l’aidant doivent prendre en compte :
- Le type et le niveau d’incontinence
- Leur capacité d’absorption en regard du nombre nécessaire de changes quotidiens
- l’autonomie et la morphologie du patient
- les habitudes mictionnelles du patient (nycturie, pollakiurie)
À chaque personne, un choix de protections
- Chez le patient autonome et actif, et en cas de fuites légères à modérées, on préfèrera les « petites » protections anatomiques (Ex : TENA Discreet Normal – chez une patiente) ou les sous-vêtements absorbants discrets (Ex : TENA Silhouette) qui ressemblent à un sous-vêtement féminin classique, tout en offrant une véritable protection contre les fuites urinaires modérées.
- En cas d’incontinence plus sévère mais de mode de vie toujours actif, on préfèrera les protections de type culotte, faciles à enfiler et qui existent en différents niveaux d’absorption (Ex : TENA Pants). Dans cette gamme, il existe aujourd’hui des protections à la fois douces, confortables et sûres : dotées d’une technologie avancée en matière de réduction de l’humidité, elles permettent « une garde au sec », une sécurité antifuites et un contrôle des odeurs (Ex : TENA Pants Plus ProSkin, TENA Pants Super ProSkin et TENA Pants Maxi ProSkin). Enfin, la culotte absorbante, assimilable à un sous-vêtement classique est souvent mieux acceptée.
- Enfin, pour l’incontinence plus sévère et en cas de sédentarité et de perte d’autonomie, on optera pour les changes complets, qui existent également en différents niveaux d’absorption. Certains changes complets comportent une ceinture flexible pour des changements de protections plus faciles et ergonomiques et pour plus de confort et une meilleure sécurité contre les fuites. (Ex :TENA Flex ProSkin). Les changes complets avec attaches adhésives qui permettent un change en position debout ou couchée et un repositionnement constituent une solution adaptée aux personnes semi-mobiles ou immobiles (Ex : TENA Slip). Ces changes conviennent à tous types d’incontinence.
- Pour les hommes, il existe également toute une gamme de protections spécifiquement conçues pour s’adapter à leur anatomie (Ex : TENA Men), de la protection de type « coque » pour les fuites légères à modérées, au sous vêtement et culottes, et aux changes complets (Ex : TENA Slip Plus, Super et Maxi). Ces changes comportent également des attaches réajustables pour une utilisation aisée, quelle que soit la morphologie.
- Les grandes protections avec filet (Ex : TENA Comfort) sont généralement « réservées » aux personnes dépendantes, alitées, atteintes de troubles neurologiques et/ou en cas de nycturie par exemple.
Changer une protection c’est entrer dans l’intimité de la personne aidée (Visuel Adobe Stock)
4 volets du soin de change
Proposer ne signifie pas que la personne va l’accepter, il faudra reproposer, expliquer mais ne jamais imposer.
Imposer une protection entraîne un sentiment accru de dévalorisation, chez la personne aidée et chez l’aidant. Se voir imposer une protection peut être vécu comme une agression. L’accompagné se sent agressé et devient agressif, l’aidant se voit aussi agresseur et peut ressentir à son tour, un sentiment de dévalorisation.
Changer une protection, c’est être au plus près de la personne aidée, être dans sa zone d’intimité, de pudeur. Certaines personnes âgées ne l’acceptent pas, cela renvoie à l’image de l’enfance. Cela renvoie à la nudité, à la sensualité, à ce que l’on cache. L’aidant doit avoir des gestes naturels, protecteurs.
Mettre une protection doit devenir aussi anodin que mettre un sous-vêtement.
Eduquer : Les soins d’incontinence comportent également un travail sur l’estime de soi. L’aidant doit réagir avec patience, compréhension, douceur. La personne âgée ne fait pas exprès d’être incontinente, ses fuites ne sont pas une manifestation contre son entourage. Les aidants doivent garder le sourire, rester optimistes mais également comprendre ce qui a conduit à une fuite, un « accident » ou à sa répétition.
Il s’agit de reprendre les mesures mises en place et sans cesse les réévaluer.
L’incontinence ne doit pas être vécue comme une fatalité mais comme une condition qui évolue étape par étape. Il s’agit, pour le soignant et l’aidant et à chaque nouvel « accident » de lister les mesures défaillantes au fur et à mesure, d’en discuter si possible avec le patient tout lui apportant des recommandations.
Soigner : le change est un soin, tout comme la toilette intime. On s’accorde à prévoir en moyenne, 4 changes par 24 heures. Un lavage au savon doux au moment de la toilette du matin ou du soir est suffisant. Entre chaque change, il faut néanmoins nettoyer la peau et la préserver. Pour cela, il existe
des lingettes à sensation douce pour les peaux les plus sensibles (Ex : TENA Wet Wipes Proskin)
idéales pour la toilette fréquente en complément du change, en remplacement du savon et de l’eau qui peuvent irriter la peau ; des produits sans rinçage qui permettent une toilette rapide et efficace, avec un effet hydratant et protecteur (Ex : TENA Wash Cream Proskin).
Enfin, en cas de dermite associée à l’incontinence (DAI), il faut songer à augmenter le nombre de changes et de toilettes locales. Le change doit être effectué dès que la personne est souillée pour éviter toute macération. La peau pourra alors être protégée par une crème au zinc (Ex : TENA Zinc Cream Proskin), idéale pour traiter les irritations dues au port de protections d’incontinence ou traitée avec une crème « barrière » (Ex : TENA Barrier Cream ProSkin) qui va protéger la peau de l’humidité et de la macération et prévenir le risque de DAI.
La constipation
Deuxième grand fléau concernant l’élimination et crainte de toute personne âgée, la constipation touche, de manière chronique 9 à 30 % de personnes âgées. Le vieillissement affecte le transit intestinal. La qualité de vie est souvent altérée et comparable à celle retrouvée dans d’autres maladies chroniques liées à l’âge. Enfin, tout comme l’incontinence, la constipation entraîne des effets psychologiques sévères, elle s’accompagne de troubles de l’humeur comme la dépression et les troubles anxieux.
La constipation est définie, selon l’OMS, par l’émission de moins de 3 selles par semaine. Néanmoins, la définition doit également prendre en compte le mécanisme de la constipation, la perception du patient et le retentissement de la condition sur la qualité de vie.
Le soignant ou l’aidant se retrouve à nouveau dans la sphère intime du patient ou de la personne aidée. En pratique, il s’agit de demander à la personne « si elle a été à la selle », une question qui reste difficile même pour certains soignants, et pour l’aidant naturel qui s’adresse à un proche.
Une stratégie conservatrice aussi
Aller à la selle consiste d’abord, comme pour l’élimination urinaire, à pouvoir repérer les toilettes, y accéder facilement, à pouvoir respecter sa routine et se déshabiller facilement.
Mais les habitudes de vie comptent peut-être plus que pour la miction, l’intimité, la tranquillité, aussi. Le transit intestinal étant différent d’un sujet à l’autre, chaque personne a son propre rythme. Parmi les mesures conservatrices à mettre en œuvre chez le patient suivi à domicile, le respect des habitudes de la personne est primordial.
La démence, l’alitement, le confinement peuvent contraindre la personne à se retenir et à « perdre » son rythme d’élimination. Comme en cas d’incontinence urinaire, un calendrier et un accompagnement régulier aux toilettes ou au bassin, peut permettre au patient de renouer avec sa routine. Enfin, la constipation est particulièrement douloureuse et pour les personnes âgées présentant des troubles cognitifs : ne pas pouvoir s’exprimer ou se faire comprendre, peut également entrainer de l’anxiété et de l’agressivité.
Le manque d’activités, la sédentarité, l’insuffisance d’apport hydrique, une alimentation pauvre en fibres alimentaires, la prise de certains médicaments sont autant de facteurs pouvant également favoriser la constipation.
Protections, comprendre les pictos
- capacité d’absorption : plus il y a de gouttes colorées, plus la protection est absorbante
- taille : indiquée et encadrée : S-M-L-XL
- témoin de saturation s’efface au contact du liquide, indique le degré de saturation de la protection et donc le moment de la changer. La lecture se fait à l’arrière pour les femmes, à l’avant pour les hommes.
Constipation : attention aux complications
Les complications sont le fécalome et l’occlusion intestinale :
- le fécalome est une masse de matières dures formant un bouchon dans le rectum ou l’intestin. Il entraine un arrêt du transit mais peut aussi être caché par des selles liquides type diarrhée. En fait ces selles liquides passent entre le fécalome et les parois intestinale et retardent souvent le diagnostic.
- L’occlusion intestinale est l’arrêt d’émission de matières ou de gaz.
- Les efforts de poussée peuvent avoir comme conséquences la formation d’hémorroïdes.
Le rôle de l’aidant
Prévenir l’apparition de la constipation : garantir à la personne aidée une bonne hygiène de vie, basée une sur alimentation riche en fibres, une hydratation suffisante, la pratique d’activités physiques adaptées et une « routine » d’élimination, permet, dans la majorité des cas d’éviter le développement de la constipation. Cependant, tous les patients ne sont pas aptes à suivre ces principes de mode de vie, en cas de maladie chronique, de handicap, d’alitement, de démence etc…Là encore, les mesures « conservatrices » ou préventives devront s’adapter au patient et à ses résultats de santé.
- Les règles diététiques reposent essentiellement sur une alimentation riche en fibres. Il faut augmenter la consommation de légumes verts, de fruits frais, de céréales complètes et de pain complet, de pain de son, biscuits au son ou pâtes et riz complet. Augmenter aussi la consommation de légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches, pois cassés) et de fruits secs ;
- cette alimentation doit être associée à une hydratation de 1,5 litre par jour ;
- les règles d’hygiène de vie consistent à inciter la personne à prendre soin d’elle : à aller aux toilettes régulièrement, éventuellement à heures fixes pour habituer son organisme, dès que l’envie se fait ressentir et à prendre son temps ;
- l’activité physique, aussi, est indispensable. La marche étant le « meilleur » des exercices.
« Traiter » la constipation : lorsque la constipation s’est déjà installée,
- les règles diététiques sont à poursuivre, renforcer ou à mettre en place ;
- Il est recommandé de boire de l’eau enrichie en magnésium (soit plus de 56 mg de magnésium par litre : Rozana (160mg/L), Hépar (119 mg/L), Quézac (69 mg/L), Badoit (85 mg/L), Contrex (84 mg/L) ;
- consommer des aliments naturellement laxatifs comme le pruneau, qui stimule les contractions intestinales ;
- tenir, comme pour l’incontinence urinaire, un calendrier des selles pour ne pas avoir recours à des traitements trop tardivement, ne pas passer à côté d’un risque de constipation ;
- en dernier recours, il existe des laxatifs par voie orale (macrogol, lactulose…) ou par voie rectale (suppositoires, lavement) qui ramollissent les selles et lubrifient les intestins.
Pour prévenir la constipation, l’activité physique, aussi, est indispensable. La marche étant le « meilleur » des
exercices (Visuel Adobe Stock)
La diarrhée en bref
La diarrhée est définie comme l’augmentation du volume des selles et/ou l’émission de selles liquides. Nous avons vu qu’elle pouvait cacher un fécalome. Elle est souvent associée à d’autres signes cliniques : nausées, vomissements, fièvre, douleurs abdominales. Elle doit faire l’objet d’une surveillance.
Elle est due soit à une intoxication alimentaire par mauvaise conservation des aliments (rupture de la chaine du froid essentiellement) ou à une infection virale (de type gastro-entérite).
Ses principaux risques sont la déshydratation (perte d’eau par les selles non compensées par une personne fatiguée, nauséeuse qui restreint ses apports alimentaires et hydriques) et une dermite locale due à l’acidité des selles (renforcée si la personne portant des protections n’est pas changée assez souvent).
Rôle de l’aidant : Des règles hygiéno-diététiques doivent être mises en place : arrêt des aliments dits « gras » (viande rouge, charcuterie), pas de lait, pas de légumes verts, pas de légumes crus, pas d’aliments excitants pour l’intestin : café, alcool, épices, thé sodas, pas d’agrumes. Se rappeler qu’il faut manger « blanc » : volaille et poisson cuits sans graisses, riz, pâtes, pommes de terre, bananes, pommes ou poires, compote de coings, yaourt (qui reconstituera la flore intestinale).
Éviter la déshydratation et faire boire plus d’un litre et demi pour compenser. La soupe de carottes maison de nos grands-mères est aussi un atout pour lutter contre la diarrhée et réhydrater la personne aidée.
Si la personne âgée porte des protections pour une incontinence urinaire, savoir que celles-ci sont aussi adaptées pour une émission de selles. Prévoir un change plus régulier, dès l’émission de selles liquides pour éviter une macération qui pourrait entrainer une dermite. Pour protéger la peau utiliser une crème dermo-protectrice au zinc.
En conclusion,
les troubles de l’élimination peuvent devenir en vieillissant une véritable condition pathologique avec un retentissement parfois sévère sur l’autonomie, la vie sociale, l’équilibre mental et la qualité de vie. Accepter cette étape et cet effet du vieillissement pathologique s’apparente à un travail de deuil pour les soignants, les aidants et les patients. Les aidants sont en première ligne pour réduire l’impact de ce dysfonctionnement de l’intime et de l’autonomie et de permettre, aux personnes accompagnées, à l’aide de nouvelles règles de vie et de mesures palliatives adaptées de vivre sereinement cette étape de la vie.
Fabienne Bail, Infirmière,
Cadre de santé (Responsable Pôle Soins EHPAD)
et Formatrice en soins infirmiers
Biblio :
- Ministère de la Santé et des Solidarités Avril 2007 : rapport sur le thème de l’incontinence urinaire
- International Journal of Caring Sciences 2015 Virginia’s Henderson Need Theory
- Ameli Novembre 2019 Incontinence urinaire : mécanisme, fréquence et causes
- Décret n°2004-802 du 29 juillet 2004 portant sur l’Exercice de la profession d’infirmier
- Arrêté du 20 mars 2012 fixant la liste des dispositifs médicaux que les infirmiers sont autorisés à prescrire
- SNPI Référentiel Activités de l’Aide-soignant 2005
- Haute Autorité de Santé (HAS) 2010 Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : suivi médical des aidants naturels
- Santé log Soins à domicile n° 52 2016 Continence et incontinence du patient âgé. D’une prise en charge conservatrice à palliative
- Anaes / Service des recommandations professionnelles / Mai 2003 Prise en charge de l’incontinence urinaire de la femme en médecine générale
- SNFCP Recommandations Pour La Pratique clinique de la prise en charge de la Constipation