De nombreuses études citent la vitesse de la marche comme un bon indicateur clinique de l’espérance de vie en bonne santé de la personne âgée (1). Cependant, pouvoir monter ou descendre les escaliers de son domicile est un autre marqueur clé mais encore négligé de l’autonomie du patient âgé (2). En préservant la mobilité horizontale et verticale du patient âgé, en le protégeant du risque de chute au domicile, de simples aménagements, comme un monte escalier par exemple, loin de simplement pallier au déclin de certaines fonctions, participent à une vraie stratégie conservatrice de l’autonomie et du confort de ces patients, à mobilité réduite et maintenus au domicile.
De multiples études ont documenté le déclin avec l'âge des capacités d'adaptation au risque, notamment au risque de chute, un déclin qui conduit finalement à la perte d’autonomie et à la dépendance. De multiples facteurs viennent accélérer cette perte d’autonomie, dont les maladies altérant les fonctions motrices, cognitives et sensorielles, certains médicaments ou autres facteurs environnementaux dont l’institutionnalisation. L’hospitalisation et l’institutionnalisation sont en effets des facteurs majeurs et indépendants de perte d’autonomie : on parle alors de dépendance iatrogène liée à l’hospitalisation. Par ailleurs, les chutes sont la principale cause d'hospitalisation chez les personnes âgées. Alors que 80% des personnes âgées souhaitent finir leur vie à domicile (3), il s’agit donc, alors après évaluation des niveaux d’autonomie et de l’environnement de vie, d’aménager l’habitat de la personne âgée de manière à réduire son risque de chute et à préserver sa mobilité (4). En effet, « les déplacements à l’intérieur du domicile » font partie des 10 activités prises en compte par la Grille Aggir pour l’évaluation de l’autonomie de la personne âgée (5).
Préférer une stratégie conservatrice qui préserve les capacités du patient
Monter les escaliers est un marqueur d’autonomie : monter ou descendre les escaliers est l'une des activités les plus difficiles de la vie quotidienne des personnes âgées. La « locomotion verticale », dans les escaliers, exige le bon fonctionnement simultané et coordonné d’un grand nombre de systèmes du corps (musculosquelettique, cardiovasculaire, somatosensoriel, visuel et vestibulaire). Cependant ces systèmes se détériorent avec le vieillissement. Une étude (6) a ainsi associé la difficulté à monter les escaliers à l'hypertension, à l'arthrite, aux symptômes dépressifs, à une perte d’équilibre et des anomalies de la démarche neurologique. L’étude révèle aussi que la difficulté à descendre les escaliers évoque un spectre plus large de limitations de l’autonomie et est un facteur encore plus prédictif de chutes que la difficulté à les monter. Aider la personne âgée à surmonter ces limitations de déplacement liées à l'âge ou à la maladie, par des aménagements et des aides à la mobilité, fait partie à part entière, d'une stratégie conservatrice des capacités de fonctionnement au quotidien.
Les « chutes d'escalier » représentent plus de 10% des accidents mortels chez les personnes âgées de 65 ans et plus. « Prendre » les escaliers est donc aussi l'une des activités les plus dangereuses pour la personne âgée vivant à domicile. Avec des facteurs de risque accru de chute bien identifiés : l’âge bien sûr, mais aussi les traitements médicamenteux, la douleur chronique et l’incidence de plaies aux extrémités (pied diabétique par exemple) (7). Ces facteurs qui contribuent directement à l’incapacité de monter ou de descendre les escaliers sans prise de risque élevée, doivent inciter à aménager la montée et la descente de l’escalier.
Quelles interventions possibles ? Une revue de la littérature (2) a regardé quels étaient les principaux aménagements permettant de redonner aux personnes âgées, en toute sécurité, cette mobilité au sein du domicile. Parmi les solutions documentées, le monte-escalier, un dispositif de mobilité en forme de chaise fixée sur un côté des escaliers, assisté d’un système électrique, permet d'améliorer l'accès des personnes âgées aux différents étages et de maintenir un bon niveau d’autonomie et de qualité de vie.
Dans cette même étude, les chercheurs appellent les cliniciens à prêter attention, dans le cadre de stratégies conservatrices, au maintien de ces capacités de mobilité, à l’aide d’aides et d’aménagements, chez les patients âgés en bonne santé, atteints de fragilité ou en perte de mobilité.
Sources :
- JAMA 2011 Walking Speed Associated With Survival in Older Adults
- Journal of the American Geriatrics Society 27 April 2015 DOI : 10.1111/j.1532-5415.2000.tb05006.x Stair Negotiation in Older People: A Review
- InVS BEH 2012 N°48
- Haute Autorité de Santé (HAS) 2005 Prévention des chutes accidentelles chez la personne âgée
- Service Public Grille Aggir
- Journal of Back and Musculoskeletal Rehabilitation 2015 DOI: 10.3233/BMR-140549 Evaluation of stair climbing in elderly people
- Archives of Physical Medicine and Rehabilitation 2009 DOI : 10.1016/j.apmr.2007.08.129 Self-Reported Difficulty in Climbing Up or Down Stairs in Nondisabled Elderly