Les personnes de 60 ans socialement actives font face à un risque de démence plus faible, confirme cette étude de l’University College London (UCL), qui rappelle, dans PloS Medicine, les bénéfices cognitifs associés aux relations sociales et les risques en santé mentale associés à la solitude et l’isolement. Des risques particulièrement importants au grand âge. L'idée est donc de rester socialement actif dès la cinquantaine et la soixantaine pour rester en bonne santé cognitive bien plus tard dans la vie.
La démence est un problème de santé mondial majeur. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 50 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde et chaque année, on compte près de 10 millions de nouveaux cas. « Pourtant, 1 cas sur 3 pourrait être évité », soutient l’auteur principal de l'étude, le Dr Andrew Sommerlad, du département Psychiatrie de l’UCL. Son étude longitudinale apporte en effet de nouvelles preuves sur l’importance de maintenir des contacts du début de l’âge adulte au grand âge pour repousser le risque de démence : « Nous constatons ici que les contacts sociaux, à l'âge mûr et avancé, semblent réduire le risque de démence. Ce résultat devrait pouvoir alimenter les stratégies visant à réduire le risque démence en population générale. Il s’agirait, par exemple, de promouvoir les communautés connectées et les interventions permettant de réduire la solitude et l'isolement.
Le contact social en milieu et en fin de vie est déterminant pour la santé cognitive
L’équipe analyse ici les données de 10.228 participants de l'étude Whitehall II, interrogés à 6 reprises entre 1985 et 2013 sur leur fréquence de contact social avec leurs amis et leurs proches. Ces participants ont passé des tests cognitifs à partir de 1997 et les chercheurs ont repris les diagnostics de démence à partir des dossiers électroniques patients. Finalement, l’équipe de recherche a examiné les relations entre les contacts sociaux à 50, 60 et 70 ans et l’incidence ultérieure de démence après prise en compte d’autres facteurs de confusion possibles, dont l’éducation, l’emploi et le statut socio-économique. L’analyse montre que :
- une augmentation des contacts sociaux à 60 ans est associée à un risque significativement plus faible de démence plus tard dans la vie ;
- ainsi, une personne qui voit des amis presque tous les jours à l'âge de 60 ans a un risque réduit de 12% de démence vs une personne qui ne rencontre qu’un ou deux amis tous les un ou deux mois ;
- une association forte entre le contact social à 50 et 70 ans et la démence ultérieure ;
- les contacts sociaux à tout âge pourraient bien avoir un impact similaire sur la réduction du risque de démence, suggèrent aussi les auteurs.
Contact social = risque de démence réduit : de précédentes études ont établi un lien entre le contact social et le risque de démence, mais leur suivi n’était pas aussi long. Le sens de la relation n’était donc pas évident : était-ce les débuts du déclin cognitif qui amènent les gens à s’isoler, ou l’isolement qui favorise le déclin cognitif ? La durée de suivi de l’étude renforce la preuve que le sens de la relation est plutôt l’effet protecteur de l'engagement social contre le développement de la démence. Les chercheurs proposent quelques explications : « Les personnes socialement engagées exercent des aptitudes cognitives telles que la mémoire et le langage, ce qui les aide à développer une réserve cognitive. Si cela n'empêche pas leur cerveau de vieillir, la réserve permet de mieux faire face aux effets de l'âge et de retarder symptômes de la démence ».
Passer plus de temps avec des amis favorise le bien-être mental. « Si, en plus, ce temps passé avec les autres est consacré à la pratique d’une activité physique, cela démultiplie l’effet de réduction du risque de développer une démence », ajoute l’auteur principal, le Dr Livingston.
Il est donc primordial de modifier si besoin l’organisation de notre vie quotidienne pour prendre le temps de communiquer avec les autres.
Nous avons besoin d'une plus grande prise de conscience des avantages du bien-être social et des effets néfastes de l'isolement social.
Cependant, il ne faut pas pour autant oublier les autres facteurs de risque de démence, dont la consommation excessive d'alcool, le tabagisme..
Source : PLoS Medicine August 2, 2019 DOI : 10.1371/journal.pmed.1002862 Association of social contact with dementia and cognition: 28-year follow-up of the Whitehall II cohort study
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