On sait qu’environ 80% des personnes âgées souhaiteraient dans l’idéal terminer leur vie à leur domicile, cependant la réalité est toute autre : la majorité des personnes âgées meurent à l’hôpital. Cette étude britannique a regardé quels facteurs étaient associés au choix de fin de vie au domicile, dans l’objectif de mieux répondre aux souhaits des personnes âgées et de leurs familles mais aussi de pouvoir mieux planifier les besoins associés en services de santé. Les conclusions, présentées dans la revue BMC Medicine, aboutissent à 3 facteurs majeurs, le niveau de revenus, le lieu de résidence et le nombre de comorbidités.
Les chercheurs du King’s College Londres ont travaillé à partir d’un registre national des décès liés aux maladies respiratoires, dont la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et ont couvert les données de 380.232 participants âgés de plus de 14 ans. La maladie respiratoire entraîne une forte mobilisation des services hospitaliers, avec des dépenses de santé élevées, en particulier chez les personnes à stade avancé. (Les chercheurs précisent que les services de santé britanniques (NHS) dépensent plus de 800 millions d’euros dans la seule gestion de la MPOC, les hospitalisations représentant environ 250 millions par an.
L’équipe a examiné l’impact d’une stratégie nationale de fin de vie permettant de réduire les décès à l’hôpital. Ses principales conclusions sont les suivantes :
-les décès à l’hôpital, ici liés aux maladies respiratoires, ont baissé de 3 à 6% au cours des 8 années qui ont suivi la mise en œuvre de la Stratégie, soit une inversion des tendances précédentes.
-Cependant, les patients souffrant de plus d’une maladie (multimorbidité) n’ont pas montré de baisse de taux de décès hospitaliers : ainsi les personnes âgées atteintes de 3 comorbidités ou plus, en plus de leur maladie respiratoire, sont plus de 30% plus susceptibles de mourir à l’hôpital.
-Des revenus ou un niveau de vie très faible réduit également le taux de décès à domicile.
-Sur le « terrain britannique », Londres enregistre le taux de décès hospitaliers le plus élevé, et c’est le cas, plus largement dans les zones urbaines. Une conclusion qui suggère que l’accès facilité à un établissement de soin optimise le taux de décès en établissement, et peut-être qu’une proximité et une solidarité plus importantes en zones rurales favorisent le décès au domicile.
-Enfin, toujours pour ces participants atteints de maladies respiratoires -et pour le coup, on peut penser que le résultat serait différent avec d’autres types de maladies chroniques- être célibataire, veuf ou divorcé est associé à une réduction du taux de décès à l’hôpital. Les chercheurs suggèrent que, toujours en cas de maladie respiratoire, lorsque les membres de la famille sont présents, ils ne savent pas comment réagir lorsque l’essoufflement augmente, et c’est donc l’hospitalisation qui est alors privilégiée.
Mieux comprendre les facteurs qui déterminent le contexte de fin de vie est essentiel, non seulement pour ouvrir le choix au plus grand nombre mais aussi pour planifier en conséquence les services et améliorer les soins, Ainsi, dans ce cas d’espèce, cette stratégie de fin de vie a permis de « sortir » une partie des décès de l’hôpital.
D’autres stratégies doivent être développées, ciblées sur les personnes les plus à risque, en fonction des comorbidités et des autres facteurs qui peuvent priver certains patients du choix de leur fin de vie.
1 February 2017DOI: 10.1186/s12916-016-0776-2 Which patients with advanced respiratory disease die in hospital? A 14-year population-based study of trends and associated factors
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